Le temps passe vite, et je m’ennuie.
Cela fait un bon moment que je me suis éclipsée. Sans trop de raison. Assez pour qu’elles soient suffisantes.
Mon titre, ma popularité, étaient risibles.
J’étais Miss. Moi.
Je n’avais plus aucune crédibilité en tant qu’assassin. Je n’avais pas, non plus, envie d’être considérée comme une tueuse au grand jour.
Je n’avais pas le choix, je devais me faire oublier.
J’ai abandonné tout le monde parce que le ridicule me prenait à la gorge. Ishin, Thyrith, je les ai toutes lâchées. J’en avais besoin, je ne me prenais plus au sérieux dans ma quête de purification du monde.
Je n’avais plus envie de rien.
Pour passer la pommade sur mes plaies, je m’amusais à visiter les tavernes les moins approchables, les plus dangereuses. J’en avais cure.
Même la peur ne m’affectait plus. Même le sexe, avec des immondes hommes qui avaient faim de chair, les mêmes que je côtoyais pour passer ce fichu temps, ça ne me faisait plus rien. Même d’eux, je n’avais pas peur, car je savais me défendre.
J’étais devenue vide de sentiment.
Et bizarrement, je n’aimais pas ça.
J’ai voulu revenir en ce lieu, pour me tester. Pour voir si je pouvais au moins ressentir de la nostalgie. Si je n’étais pas devenue réellement le cœur de pierre que j’avais toujours voulu être.
Je faisais donc des haltes à l’Iar Arda. Ma dernière maison officielle avant que je devienne une nomade… officielle aussi. Je tournais en rond autour du territoire auquel j’avais appartenu. Celui qui était censé me manquer, ou me mettre en colère de m’avoir fait devenir celle que je suis aujourd’hui.
Rien.
Et je m’amuse à marcher, autour.
Bizarrement, j’éprouvais une sensation étrange. Pas de la nostalgie. Pas de la haine. Pas l’envie d’y retourner. Pas l’envie de l’écraser. Pas quelque chose que j’aurais pu prévoir ou espérer.
Je me demande ce que c’est.
J’erre, j’erre. Sans fin, sur cette terre maudite. Mon grand chapeau, ma longue cape me protégeaient suffisamment pour que je ne me fasse pas repérer par un ancien compagnon d’arme.
Enfin, c’est ce que je croyais.
Plus loin, j’entends un son distinct, précis. Il disait « Montre Toi ».
S’adressait-il à moi ? Je l’ignore. Dois-je me montrer ou plutôt fuir ?
Je n’ai rien à perdre. Et puis, ça faisait longtemps que je voulais affronter l’ennui de mon quotidien.
Ça, ça mettra un piment sympathique dans ma journée.
Je me dirige vers l’endroit où la voix m’a semblé raisonner.
Et je la vois.
Je me souviens d’elle. Pas très bien, mais je me rappelle de son visage et de qui elle était.
Je prends mon chapeau, et je la salue avec d’une manière fantaisiste. Un pas de danse, suivie d’un clin d’œil.
- Bonsoir Aria !
Chasser le naturel, il revient au galop.
Ben voyons.