Du sable... Tout autour de lui, partout, créant un paysage aussi monotone que possible. Pas de quoi se réjouir d'un tel panorama, sauf si l'on avait en tête de fabriquer le plus gros sablier que les terres puissent connaître. Et pourtant... Brisant le silence, un bruit incongru monta dans l'air surchauffé dans le soleil. Un bruit difficile à définir, ressemblant un peu à celui que faisait l'eau surchauffée au moment de la servir dans les tasses des bonnes familles de la riche bourgeoisie.
Fanderlun sifflait à tout va. Assis sur un rocher, pas très loin du campement des Iardiens, le rôdeur poussait la chansonnette comme si tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Et à voir son visage enjoué, tout allait vraiment pour le mieux, le concernant. Des cernes de trois kilomètres de long au moins, une propension à bailler toutes les deux minutes et un air d'imbécile heureux que lui procurait le sourire rêveur qui ornait son visage. Un beau spectacle qu'il offrait, nul doute que si peu de gens osaient s'aventurer sur les terres de l'Iar Arda, c'était bien parce qu'il en était le gardien le plus terrifiant ! Mais Fanderlun le Terrible Ensommeillé avait une occupation qui dépassait l'entendement dans ces lieux maudits et torturés : à l'aide de sa dague, il semblait torturer quelque chose... De pauvres épines de roses qui ne demandaient rien à personne. Déjà, une bonne dizaine de ces victimes innocentes gisaient à ses pieds, dénudées de la moindre épine susceptible de blesser qui que ce soit. Un monstre Fanderlun ? Pire que ça !