Rattrapée par ses crimes.

Rattrapée par ses crimes. Cible de la balance de la justice dans un monde de brute, où les règles ne sont pas les mêmes pour tous.

Ann' était en ce moment même à l'Iar, dans un état différent de ses habitudes. Son sourire joyeux s'était effacé, sa bonne humeur avait disparu, elle était pâle, et silencieuse. Elle ne parlait plus, comme une enfant ayant subie un choc émotionnel. Durant des journées, elle restait assise, ne bougeait plus, ne sortait plus, et restait coi. Son regard était baissé en direction du sol, ses deux bras pendaient dans l'air, la main gauche toujours munie de sa fidèle dague. Sa dague, cette dague, celle qui avait fait couler tant de sang, qui avait tué tant de personnes, celle qui était détestée par les habitants de cette terre. Cette dague avait commis tant de meurtres, celle qui avait été l'auteur de pleurs, d'horreurs, d'effrois, et de victimes.
Est ce que la faute revient à une simple dague?
Non.
Une arme n'est qu'une arme.
Celle qui fallait punir, c'était sa maîtresse. Ce n'était pas sa dague qui avait réellement été l'auteur de tous ces crimes, c'était elle, c'était cette jeune fille, c'était Annyah. Une arme obéit à son maître fidèlement, elle n'a pas de vie, et suit celle de son possesseur. Cette dague, à cause de cette fille, avait tué des gens, sans buts profonds, juste pour exclamer sa puissance, juste pour exclamer sa haine contre Victor, justement pour le plaisir de tuer...

- Ca fait déjà pas mal de raisons...

Jusqu'ici, la jeune fille n'avait jamais ressenti de peine, car elle ne savait pas la réelle signification d'un meurtre, ou "du" meurtre. Ayant vécu dans un environnement hostile, où l'arme était un moyen de défense, et où le sang était constamment présent, Ann' ne savait pas ce que c'était. Pour elle, posséder une arme était une preuve de maturité, pour elle, tuer n'avait rien de mal, c'était sa manière de s'affirmer, d'affirmer que la petite fille qu'elle était est en réalité une femme, pour elle, tuer était un moyen d'avoir ce qu'elle voulait, d'avoir raison, c'était son but, elle était née, comme ça, avait eu une éducation où le meurtre était en permanence présent, et y était habituée. Elle croyait bien faire, elle a mal agi.

- J'ai mal agi ...?

Cette vérité s'était installée dans sa tête. Tout ce qu'elle a pu faire, c'était mal. Elle ne savait pas, elle était inconsciente de cette notion.

Maintenant, elle l'est.

C'est un poids, sur ses épaules, trop lourd. La femme qu'elle pensait être n'était qu'une petite fille qui n'a pas eu de chance... tout comme ses victimes. Elle avait compris, que ce qu'elle faisait, ce n'était pas ce qu'il fallait faire. Pouvait-elle réparer ses erreurs? Non. C'était trop tard. C'est une assassine, elle en a toujours été fière, jusqu'à ce jour. Elle fit la connaissance de la justice, qui lui apprit que ce qu'elle faisait n'était pas toléré en ces terres, et qu'elle devait être châtié pour ces méfaits. Ce jeu dont elle jouait, n'était plus amusant à son goût. Elle ne faisait plus partie de ce monde. Elle, qui pensait suivre les bonnes règles, avait tracé son chemin sur l'erreur. Elle avait compris qu'elle n'avait plus rien à faire ici.

L'Iar Arda. Elle ne savait pas pourquoi les membres de l'Iar Arda tuaient. Elle pensait qu'ils faisaient peut être la même erreur qu'elle... Elle pouvait toujours les prévenir, mais elle supposait que les membres de l'Iar étaient beaucoup plus forts qu'elle, afin de résister à un tel choc. Eux résisteraient peut être, mais elle non.

Etait-ce ses amis? Non. Elle n'avait pas eu le temps de les connaître assez pour les juger en tant que tel. Ce n'était que des gens qui avait une action en commun. Cela pouvait être plus profond que cela en avait l'air, mais... c'est cette surface que l'on voit en premier, pour laquelle on est jugé, pour laquelle on risque d'être puni.

- Je ne veux pas voir ça... Je ne veux plus...

Un sentiment horrible traînait dans sa tête. Elle avait perdu. Ou pire...

- J'abandonne.

Elle lâchait prise. Elle ne tenait plus qu'à un fil. Il fallait prendre une décision.

La jeune fille, après quelques jours dans son coma intérieur, se leva, sa dague toujours dans sa main gauche, et marcha, sans s'arrêter, jusqu'à arriver dans un coin sans signe de vie, sans que ses "amis" puissent la voir. Elle détacha ses cheveux et pris une forte inspiration. Elle sentait le vent souffler, une sensation qu'elle allait perdre. Son regard se baissa, en direction de sa main gauche, armée de sa dague. Une larme aux yeux. Une deuxième. Elle pensait que si elle n'avait jamais eu cette arme, peut être que sa vie aurait été différente.

Ce poids, ce péché, était trop lourd à porter. Elle leva sa dague, et se coupa la veine de son avant-bras droit. Son sang coulait, comme celui de toutes ses victimes. Elle le fixa, la larme à l'oeil, et conclut que c'était son tour...

Le temps s'écoulait, elle réfléchissait. il ne lui reste plus que peu de temps à vivre.

Et maintenant? Il ne lui restait plus qu'à attendre que la mort vienne enfin la prendre.

- Je suis désolée...